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Il tourna la tête ; l’enfant joignit les mains, poussa un cri perçant et tomba sans connaissance aux pieds de l’étranger.






CHAPITRE IX.


C’était le pauvre maître d’école ; oui, le pauvre maître d’école en personne. À peine moins ému et moins surpris par la vue de l’enfant que celle-ci n’avait éprouvé de surprise et d’émotion en le reconnaissant, il garda un moment le silence, confondu par cette apparition inattendue, sans trouver même la présence d’esprit nécessaire pour relever Nelly étendue à terre.

Mais revenant bientôt à lui-même, il jeta livre et bâton ; et s’agenouillant auprès de l’enfant, il essaya avec les simples moyens qu’il pouvait avoir en son pouvoir de lui rendre l’usage de ses sens, tandis que le grand-père, debout devant lui et incapable d’agir, se tordait les mains et suppliait sa petite-fille avec toutes les expressions de la plus vive tendresse de lui parler, ne fût-ce que pour lui dire un mot.

« Elle est presque épuisée de fatigue, dit le maître d’école, en examinant le visage de Nelly. Vous avez trop présumé de ses forces, mon ami.

— Elle se meurt de besoin ! répondit le vieillard. Jusqu’à ce moment je ne me doutais pas qu’elle fût si faible et si malade. »

Le maître d’école, jetant sur lui un regard moitié de reproche, moitié de compassion, prit l’enfant dans ses bras ; puis invitant le vieillard à ramasser le petit panier et à le suivre, il emporta Nelly de son pas le plus rapide.

Il y avait en vue une modeste auberge, vers laquelle, selon toute apparence, l’instituteur se dirigeait quand il avait été surpris d’une manière si inattendue. Ce fut de ce côté qu’il courut avec son fardeau inerte ; il entra à la hâte dans la cuisine, et invoquant pour l’amour de Dieu l’assistance des gens qui se trouvaient là, il déposa Nelly sur une chaise devant le feu.

La compagnie, qui s’était levée en désordre à l’approche du maître d’école, fit ce qu’on a l’habitude de faire en pareille circonstance. Chacun ou chacune indiquait son remède, que per-