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s’offrir à vous ? Empruntez, je vous dis, et vous rendrez quand vous le pourrez.

— Certainement, ajouta Isaac List avec une intention marquée ; si cette bonne dame qui montre les figures de cire a de l’argent et qu’elle le mette dans une boite d’étain quand elle va se coucher, sans fermer sa porte à clef, de peur du feu, il me semble que la chose serait facile. Je dirais presque que c’est un coup de la Providence si je n’avais pas été élevé dans des principes religieux.

— Vous comprenez, Isaac, dit son ami d’un ton plus animé et en se rapprochant du vieillard, tandis qu’il faisait signe au bohémien de ne point intervenir ; vous comprenez, Isaac ; à toute heure il y a des étrangers qui vont et viennent par là ; eh bien ! un de ces étrangers aura pu se glisser sous le lit de la bonne dame ou se fourrer dans l’armoire, rien de plus vraisemblable ; les soupçons auront le champ large, et il n’y a pas de danger qu’on se doute de la vérité… Moi, je lui donnerais sa revanche jusqu’au dernier farthing qu’il apporterait, quel que fût le montant de la somme.

— Mais le pourriez-vous ? demanda Isaac List. Votre banque est-elle assez forte pour cela ?

— Assez forte ! répondit l’autre avec un dédain simulé. Monsieur, voulez-vous bien me tirer cette boite de la paille ? »

Cette invitation s’adressait au bohémien, qui se glissa à quatre pattes dans sa tente basse et étroite, et après quelques recherches, quelques fouilles en apparence laborieuses, revint avec une cassette que Jowl ouvrit au moyen d’une clef qu’il portait sur lui.

« Voyez-vous ceci ? dit-il ramassant l’argent dans sa main et le laissant retomber en pluie à travers ses doigts. Entendez-vous ceci ? Connaissez-vous le son de l’or ? Tenez, emportez cette cassette. Et vous, Isaac, ne parlez plus des banques que lorsque vous en aurez gagné une. »

Isaac List, avec une grande apparence d’humilité, affirma qu’il n’avait jamais mis en doute la parole d’un gentleman aussi honorablement connu pour sa loyauté que M. Jowl, et que s’il avait laissé exhiber la cassette, ce n’était pas pour éclaircir ses doutes, car il n’en avait aucun, mais pour se régaler de la vue de tant de richesses, ce qui pouvait paraître à d’autres une jouissance vaine et purement imaginaire, mais n’en était pas moins