Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autres objections à faire encore ! Par exemple, certains articles de toilette étaient au blanchissage, d’autres n’existaient point dans sa garde-robe. Mais Kit, à ces objections diverses, opposait victorieusement une réponse unique, irrésistible, le plaisir de retrouver Nell, la joie de la ramener en triomphe.

« Nous n’avons plus que dix minutes à nous, mère, dit Kit lorsqu’ils eurent atteint le logis. Voici un carton, jetez-y tout ce dont vous aurez besoin, et dépêchez-vous de partir. »

Dire comment Kit entassa dans la boîte toutes sortes de choses qui lui semblaient de l’usage le plus immédiat, et laissa de côté tout ce qu’il jugea le moins utile ; comment une voisine consentit à venir surveiller les enfants ; comment ceux-ci pleurèrent d’abord tristement, puis rirent de bon cœur à la promesse d’une foule de jouets impossibles, imaginaires ; comment la mère de Kit ne pouvait se lasser de les embrasser, ni Kit se résoudre à la gronder de perdre ainsi son temps, tout cela ne nous avancerait guère, ni vous ni moi. Laissant donc de côté ces détails, bornons-nous à dire que, peu de minutes après l’expiration des deux heures fixées, Kit et sa mère arrivaient devant la porte du notaire où une chaise de poste attendait déjà.

« Une voiture à quatre chevaux, ce me semble ! dit Kit stupéfait de ces préparatifs. Vous arrivez juste à temps, ma mère… La voici, monsieur. Voici ma mère. Elle est toute prête, monsieur.

— Fort bien, répondit le gentleman. N’ayez aucune crainte, madame ; on aura grand soin de vous. Où est la boîte avec les vêtements neufs et les nécessaires de voyage ?

— La voici, dit le notaire. Christophe, mettez-la dans la voiture.

— C’est fini, monsieur, dit Kit, tout est prêt, monsieur.

— Alors partons, » dit le gentleman.

Là-dessus, il donna le bras à la mère de Kit, la fit monter dans la voiture aussi poliment que si c’était une grande dame, et prit place à côté d’elle.

Le marchepied est relevé, la portière se ferme avec bruit, les roues commencent à tourner, tandis que la mère de Kit, penchée et comme suspendue hors d’une des vitres, agitait un mouchoir de poche humide de ses larmes et jetait de loin mille recommandations pour le petit Jacob et le poupon, sans que personne pût en entendre un mot.