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vés ?… répondit Kit dont les yeux s’allumèrent de joie. Où sont-ils, monsieur ? Dans quel état sont-ils, monsieur ? Sont-ils… sont-ils près d’ici ?

— Loin d’ici, répliqua le gentleman secouant la tête. Mais je dois partir cette nuit pour les ramener, et j’ai besoin que vous m’accompagniez.

— Moi, monsieur ? » s’écria Kit plein de satisfaction et de surprise.

Le gentleman dit en se tournant vers le notaire d’un air pénétré :

« Le lieu indiqué par l’homme aux chiens est… à combien d’ici ? vingt lieues, je crois ?

— De vingt à vingt-trois lieues.

— Hum ! si nous allons un bon train de poste toute la nuit, nous pourrons y arriver dès demain matin. Maintenant, voici la question : comme ils ne me connaissent pas, et comme l’enfant, que Dieu la bénisse ! pourrait penser qu’un étranger qui court à sa recherche a des projets contre la liberté de son grand-père, puis-je faire rien de mieux que d’emmener ce garçon qu’ils connaissent assez bien tous deux pour le reconnaître tout de suite, afin de leur donner par là l’assurance de mes intentions amicales ?

— Vous ne pouvez rien faire de mieux, répondit le notaire. Il faut absolument que vous preniez Christophe avec vous.

— Je vous demande pardon, dit Kit, qui avait prêté attentivement l’oreille à ces paroles ; mais si c’est là votre raison, j’ai peur de vous être plus nuisible qu’utile. Pour miss Nelly, monsieur, elle me connaît bien, elle, et elle aurait confiance en moi, bien certainement ; mais le vieux maître, je ne sais pourquoi, messieurs, ni moi ni personne, n’a plus voulu me voir depuis qu’il a été malade, et miss Nelly elle-même m’a dit que je ne devais plus approcher son grand-père, ni me montrer à lui désormais. Je craindrais donc de gâter tout ce que vous feriez. Je donnerais tout au monde pour vous suivre, mais vous ferez mieux de ne point me prendre avec vous, monsieur.

— Là ! encore une difficulté ! s’écria l’impétueux gentleman : y eut-il jamais un homme aussi embarrassé que moi ? N’y a-t-il donc personne qui les ait connus, personne en qui ils aient confiance ? La vie retirée qu’ils ont menée m’empêchera-t-elle donc de trouver quelqu’un pour servir mon dessein ?