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nouvelles dans de belles campagnes, de haltes pittoresques sous le ciel tout ouvert, d’allées et venues à travers les champs et les bois ; ces accents de la voix toujours vivante dans son souvenir ; ses traits, sa taille, son vêtement flottant, ses cheveux agités gaiement par la brise !

Jamais il ne dit à ses amis ni ce qu’il pensait ni où il allait. Le soir, il était assis parmi eux, méditant avec un secret plaisir, qui n’était un mystère pour personne, de fuir avec Nelly avant la nuit suivante ; et on pouvait l’entendre de nouveau murmurer dans ses prières : « Ô mon Dieu, laissez-la venir demain ! »

Ce fut par une belle journée de printemps que finit ce drame. Le vieillard n’était pas revenu à son heure habituelle. On se mit à sa recherche, et on le trouva couché sur le tombeau de Nelly. Il était mort.

On l’inhuma à côté de celle qu’il avait si tendrement aimée, dans cette église où souvent ils avaient prié, rêvé, en se tenant par la main. L’enfant et le vieillard reposent ensemble.






CHAPITRE XXXVI.


Le tourbillon magique qui, dans sa course aventureuse, a entraîné jusqu’ici le chroniqueur, commence à ralentir son pas ; il s’arrête. Le voilà arrivé au but ; notre tâche va finir aussi.

Il ne nous reste plus qu’à prendre congé des acteurs du petit monde qui nous a tenu compagnie tout le long du chemin, pour terminer notre voyage.

Entre tous, par-dessus tous, le doucereux Sampson Brass et Sally, viennent, bras dessus bras dessous, réclamer notre attention et nos égards.

Nous avons déjà vu que M. Sampson était tombé entre les mains de la justice, après l’avoir invoquée d’abord, et on avait si fortement insisté pour qu’il voulût bien prolonger son séjour dans la prison, qu’il n’avait pu s’y refuser. Il demeura sous la protection des lois durant un temps considérable, tenu si étroitement à l’écart par l’attention pleine de sollicitude de ceux qui