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effleuraient constamment pendant l’été et où les oiseaux venaient chanter doucement tout le long du jour. À chaque souffle d’air qui agiterait ces branches, un reflet tremblant, une clarté changeante tomberait sur le tombeau de Nelly.

La terre retourne à la terre, la cendre à la cendre, la poussière à la poussière. Plus d’une jeune main déposa sur le cercueil sa petite couronne ; on entendit plus d’un sanglot étouffé. Plusieurs, et ce fut le plus grand nombre, s’agenouillèrent. Tous étaient sincères dans leurs regrets.

Le service étant achevé, les personnes qui menaient le deuil se rangèrent de côté, et les villageois se réunirent en cercle pour regarder la tombe avant que les dalles eussent été replacées. Un d’eux rappela combien de fois on avait vu Nelly assise en ce même endroit ; combien de fois, son livre de prières sur ses genoux, elle contemplait le ciel avec des yeux pensifs. Un autre disait qu’il s’était étonné souvent qu’une créature si délicate, fût en même temps si courageuse ; que jamais elle n’avait craint d’entrer seule la nuit dans l’église, qu’au contraire elle aimait à y errer quand tout était tranquille, et même à gravir l’escalier de la tour sans autre lumière que les rayons de la lune pénétrant à travers les meurtrières percées dans l’épaisseur du vieux mur. Les plus anciens du pays murmurèrent entre eux que c’était pour voir les anges et converser avec eux ; et on n’avait pas de peine à le croire, en se rappelant ses traits, ses discours, sa mort prématurée. On s’approchait de la tombe par petits groupes, on y jetait un regard, puis on faisait place à d’autres et l’on sortait à trois ou quatre en chuchotant. Bientôt il ne resta dans l’église que le vieux fossoyeur et les amis de Nelly.

Ils virent refermer le caveau et fixer dessus la pierre. Quand l’obscurité du soir fut descendue, quand le calme sacré du lieu saint ne fut plus troublé par le moindre bruit, quand la brillante clarté de la lune se projeta sur la tombe et sur l’église, sur les piliers, les murailles, les arceaux, et principalement, on eût pu le croire du moins, sur la paisible sépulture de Nelly, à cette heure du repos où tous les objets extérieurs et les pensées de l’âme s’accordent pour témoigner de l’éternité devant laquelle les espérances muettes et les craintes s’humilient dans la poussière, alors les amis de l’enfant se retirèrent pieusement résignés, et la laissèrent avec Dieu.