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une plainte. Toujours calme au contraire, toujours la même aux yeux de ceux qui l’entouraient, si ce n’est qu’elle leur montrait chaque jour plus d’attachement et de reconnaissance, elle s’éteignit comme la lumière du soleil dans un beau soir d’été.

L’enfant qui avait été son petit ami se présenta aussitôt qu’il fit jour, avec des fleurs desséchées qu’il demanda la permission de poser sur la poitrine de Nelly. C’était lui qui dans la nuit s’était mis à la fenêtre et avait parlé au fossoyeur. Aux traces de ses petits pieds sur la neige, on reconnut qu’avant d’aller se coucher il avait erré près de la chambre où Nelly reposait. Sans doute il avait craint qu’on ne la laissât seule, et n’avait pu supporter cette idée.

Il leur parla encore de son rêve où il avait vu qu’elle leur serait rendue dans son état habituel. Il sollicita instamment la faveur de voir Nelly ; il promit de se tenir bien tranquille : on n’avait pas à craindre qu’il eût peur, disait-il, car il avait gardé tout seul durant une journée entière son jeune frère défunt, content de se trouver jusqu’à la fin si près de lui. On exauça son désir ; et vraiment il tint parole, son courage enfantin dans un âge si tendre avait été pour tous une édifiante leçon.

Jusque-là, le vieillard n’avait pas prononcé une parole, sinon pour s’adresser à Nelly ; il n’avait pas bougé d’auprès du lit. Mais quand il aperçut le petit favori de son enfant, il fut plus ému que jamais, et lui fit signe de s’approcher de lui. Alors lui montrant le lit, il fondit en larmes pour la première fois ; et les assistants, comprenant que la présence de cet enfant faisait du bien au vieillard, les laissèrent seuls ensemble.

L’enfant sut calmer le vieillard en lui parlant de Nell dans son langage naïf, et lui persuader qu’il devait sortir un peu pour prendre quelque repos… il lui fit faire enfin tout ce qu’il voulait.

Lorsque vint la lumière du jour, de ce jour où Nell devait, sous sa forme terrestre, disparaître à jamais des yeux mortels, l’enfant emmena le vieillard afin qu’il ne sût pas le moment où elle allait lui être ravie.

Ils allèrent cueillir des feuilles fraîches et des baies pour en décorer le lit funèbre. C’était le dimanche, par une brillante et claire après-midi d’hiver. Comme ils suivaient la rue du village, ceux qui se trouvaient sur leur chemin se détournaient en leur faisant place et leur adressaient un salut amical. Quelques-uns