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de me trouver au logis une semaine ou deux au moins. Il y a pour cela plus d’une bonne raison. Marquise, une lumière. Si vous perdez une minute de plus à me regarder, monsieur, je ne vous le pardonnerai jamais ! »

M. Abel n’avait pas besoin d’être stimulé davantage. En un instant il fut parti ; et quand la marquise, qui l’avait éclairé sur l’escalier, revint, elle annonça que le poney s’était mis en plein galop sans faire la moindre objection préliminaire.

« C’est bien ! dit Richard. Il a du cœur, et à partir de ce moment je l’honore. Mais soupez donc, prenez donc un pot de bière ; je suis sûr que vous devez être accablée de fatigue. Prenez un pot de bière. Cela me fera autant de bien de vous voir boire que si je buvais moi-même. »

Il ne fallait rien moins que cette assurance pour déterminer la petite garde-malade à se permettre un tel luxe. Elle se mit donc à boire et à manger, à la grande satisfaction de M. Swiveller, puis elle lui donna à boire, remit tout en ordre, s’enveloppa d’un vieux couvre-pied et se coucha sur le tapis devant le feu.

Pendant ce temps, M. Swiveller murmurait dans son sommeil : « Étale, oh ! étale un lit de roseaux, nous y reposerons jusqu’aux lueurs matinales… Bonne nuit, marquise. »






CHAPITRE XXIX.


Le lendemain matin, à son réveil, Richard Swiveller distingua peu à peu des voix qui chuchotaient dans sa chambre. Il regarda à travers les rideaux et aperçut M. Garland, M. Abel, le notaire et le gentleman réunis autour de la marquise, et lui parlant avec une grande animation, bien qu’à demi-voix, dans la crainte sans doute de le troubler. Il ne perdit pas de temps pour les avertir que cette précaution était inutile. Les quatre gentlemen s’approchèrent aussitôt du lit. Le vieux M. Garland fut le premier à prendre la main de Richard, à qui il demanda comment il se trouvait.

Dick allait répondre qu’il était infiniment mieux, quoique