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CHAPITRE XXVIII.


Bien heureusement pour la petite servante qu’elle était vive et alerte ; sans cela, la course qu’elle entreprenait toute seule, dans le voisinage même de l’endroit où elle courait le plus de risque à se montrer, eût eu pour effet peut-être d’amener une restauration de la suprême autorité de miss Sally sur sa personne. Ne se dissimulant pas le péril qu’elle courait, la marquise n’eut pas plutôt quitté la maison, qu’elle se jeta dans la première rue sombre et écartée qui s’offrit à elle ; et, sans s’inquiéter du terme assigné à sa course, elle ne songea tout d’abord qu’à mettre deux bons milles de briques et de plâtre entre elle et Bevis-Marks.

Une fois qu’elle eut accompli ce premier point, elle commença à se diriger vers l’étude du notaire. En s’informant avec adresse auprès des marchandes de pommes et des écaillères, au coin des rues, plutôt que dans les brillantes boutiques ou auprès des personnes bien mises, au risque d’un accueil plus ou moins poli, elle obtint assez bien les renseignements nécessaires. Comme les pigeons voyageurs, d’abord perdus dans un lieu qui leur est inconnu, aspirent l’air au hasard pendant quelque temps, avant de s’élancer vers le lieu de leur message, de même la marquise fit des détours avant de se croire en sûreté, puis elle se dirigea vivement vers le but qui lui avait été assigné.

Elle n’avait point de chapeau ; rien sur la tête qu’une grande coiffe portée au temps jadis par Sally Brass, dont le goût en fait de couture était, comme on sait, tout particulier. Sa course était plutôt entravée qu’aidée par ses souliers en savate qui s’échappaient sans cesse de ses pieds, et qu’elle avait ensuite bien de la peine à retrouver au milieu du flot des passants. La pauvre petite créature éprouva tant d’embarras et de retard pour retrouver ces objets de toilette dans la boue et le ruisseau, et fut tellement coudoyée pendant ce temps-là, poussée, heurtée et portée de main en main, qu’au moment où elle atteignit enfin