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votre chapeau ; nous partirons immédiatement. Triste commission ! Il me semble que je vais à l’enterrement.

— Monsieur Brass, dit Kit, accordez-moi une faveur. Conduisez-moi d’abord chez M. Witherden. »

Sampson secoua la tête d’un air d’irrésolution.

« Je vous en prie, dit le jeune homme. Mon maître y est. Au nom du ciel, conduisez-moi là d’abord.

— En vérité, je ne sais pas… balbutia le procureur ; qui peut-être avait ses raisons secrètes pour désirer de se présenter sous le jour le plus favorable aux yeux du notaire. Constable, combien de temps avons-nous ? »

Le constable, qui, durant toute cette scène, avait mâchonné une paille avec la plus grande philosophie, répondit que, si l’on partait tout de suite, on aurait bien le temps ; mais que, si l’on s’amusait à lanterner, il faudrait aller tout droit à Mansion-House ; et finalement, il déclara que ça lui était bien égal, qu’on en ferait ce qu’on voudrait.

M. Richard Swiveller, que le fiacre avait amené, était resté incrusté dans, le meilleur coin sur la banquette de derrière. M. Brass invita le constable à faire avancer le prisonnier, et se déclara prêt à partir. En conséquence, le constable, tenant toujours Kit de la même manière et le poussant un peu devant lui, à la distance réglementaire d’environ trois quarts de bras, le fit monter dans la voiture où il le suivit. Miss Sally grimpa ensuite. La voiture se trouvant remplie par les quatre personnes qui l’occupaient, M. Sampson Brass se jucha sur le siège et fit partir le cocher.

Encore étourdi complètement par le changement soudain et terrible qui s’était opéré dans son sort, Kit était assis tristement, promenant son regard à travers la glace de la portière. Il appelait de tous ses vœux l’apparition dans la rue de quelque phénomène monstrueux qui pût lui donner lieu de croire avec raison qu’il faisait un rêve. Hélas ! tous les objets qu’il apercevait n’étaient que trop réels et trop connus ; c’était la même succession de détours de rue, c’étaient les mêmes maisons, les mêmes flots de gens courant sur le trottoir, les uns près des autres, dans diverses directions ; le même mouvement de charrettes et de voitures sur la chaussée ; les mêmes étalages bien connus à la porte des boutiques : une régularité dans le bruit et le tumulte, telle que jamais rêve n’en a possédé. Toute fantas-