Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vous donne ma parole, constable… » dit Brass.

Mais ici le constable l’interrompit, en vertu de ce principe constitutionnel : « Les paroles volent, » faisant observer que les paroles ne sont que de la bouillie pour les chats, mais que les serments en justice sont la nourriture des hommes forts.

« Parfaitement juste, constable, dit Brass toujours sur le même ton dolent ; c’est d’une exactitude rigoureuse. Constable, je fais devant vous le serment qu’il y a quelques minutes à peine, avant d’avoir fait cette fatale découverte, j’avais encore tant d’estime pour ce jeune homme, que je lui eusse confié… Un fiacre, monsieur Richard ! Vous tardez bien, monsieur ! …

— Vous ne trouverez personne, s’écria Kit, pour peu qu’il me connaisse, qui n’ait confiance en moi. Qu’on demande à qui que ce soit si jamais l’on a douté de ma probité, si jamais j’ai fait tort d’un farthing à personne. Autrefois, quand j’étais pauvre, quand j’avais faim, ai-je jamais été pris en faute, et peut-on supposer que je commencerais à l’être aujourd’hui ? … Oh ! réfléchissez à ce que vous faites. Comment, avec cette affreuse accusation qui pèse sur moi, oserais-je jamais revoir les meilleurs amis qu’il y ait au monde ? »

M. Brass répondit que le prisonnier aurait bien fait de penser à tout cela plus tôt ; et il était en train de lui adresser d’autres observations d’une nature aussi peu consolante, quand on entendit le locataire demander, du haut de l’escalier, ce qu’il y avait et pourquoi tout ce tapage et ce bruit de pas qui remplissaient la maison.

Involontairement, Kit fit un mouvement pour s’élancer vers la porte, dans son désir de répondre lui-même ; mais il fut vivement retenu par le constable, et il eut la douleur de voir M. Sampson Brass sortir seul pour aller raconter les faits à sa manière.

Quand M. Brass fut de retour, il dit, au sujet du gentleman :

« Il est comme nous tous : il ne voulait pas y croire. Que ne puis-je moi-même mettre en doute le témoignage de mes sens ! Mais malheureusement ce témoignage est irréfragable. Mes yeux n’ont pas besoin de subir un débat contradictoire, et, en disant cela avec véhémence, il clignotait et frottait ses yeux, ils sont bien obligés de s’en tenir à leur impression première. Allons, Sarah ! j’entends le fiacre qui roule dans Bevis-Marks ; mettez