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pupitre comme pour se soustraire à la vue des misères et des bassesses de ce monde, et jeter un dernier défi à la médisance, à l’abri du couvercle à demi clos.






CHAPITRE XXII.


M. Sampson Brass était seul dans l’étude, au moment où Kit, ayant rempli sa commission, sortit de chez le gentleman et descendit l’escalier, environ un quart d’heure après être monté. Le procureur ne chantait point comme à l’ordinaire. Il n’était pas non plus assis à son pupitre. La porte, toute grande ouverte, laissa voir M. Brass adossé au feu et ayant un air si étrange, que Kit s’imagina qu’il lui avait pris quelque indisposition subite.

« Qu’y a-t-il donc, monsieur ? dit Kit.

— Ce qu’il y a ! … répondit vivement Brass. Rien. Pourquoi y aurait-il quelque chose ?

— Vous êtes tellement pâle, que je vous aurais à peine reconnu.

— Bah ! bah ! pure imagination, cria Brass en se penchant pour relever les cendres ; jamais je n’ai été mieux, Kit ; jamais de ma vie je ne me suis mieux porté. Je suis même très-gai. Ah ! ah ! Comment va notre ami d’en haut ?

— Beaucoup mieux.

— J’en suis ravi ; mille remercîments. Un parfait gentleman ! honnête, libéral, généreux, ne donnant aucun embarras ; un admirable locataire. Ah ! ah ! M. Garland se porte bien, j’espère, Kit ? Et mon ami le poney, mon ami intime, vous savez ? Ah ! ah ! »

Kit donna des nouvelles satisfaisantes de tout le petit monde d’Abel-Cottage. M. Brass, qui semblait distrait et impatient, se plaça sur son tabouret, et invita Kit à s’approcher en le prenant par la boutonnière.

« J’ai pensé, Kit, dit le procureur, que je pourrais faire gagner à votre mère quelques petits émoluments. Vous avez votre mère, je crois ? Si j’ai bonne mémoire, vous m’avez raconté que…