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Le petit garçon joignit les mains et s’agenouilla devant Nelly.

« Regardez-moi seulement, Nell, reprit-il, et dites-moi que vous resterez, et alors je verrai bien qu’ils se trompaient, et je ne pleurerai plus. Nell, ne me direz-vous pas oui ? »

Nelly continuait de baisser la tête et de se voiler le visage ; ses sanglots troublaient seuls le silence morne qu’elle gardait toujours.

« Au bout de quelque temps, poursuivit le petit garçon en s’efforçant de lui prendre une de ses mains, les bons anges seront satisfaits de penser que vous n’êtes point parmi eux et que vous êtes restée ici pour être avec nous. Willy est allé les rejoindre ; mais s’il avait su combien il allait me manquer, la nuit, dans notre petit lit, sûrement il ne m’aurait pas quitté. »

Nelly ne put pas encore lui répondre, elle sanglotait comme si son cœur était prêt à se briser.

« Pourquoi partiriez-vous, chère Nelly ? Je sais que vous ne seriez pas heureuse si vous appreniez que nous pleurons à cause de votre perte. Ils disent que Willy est maintenant dans le ciel, où l’été dure toujours, et cependant je suis sûr qu’il s’afflige, quand je me couche sur son lit de gazon, de ne pouvoir revenir m’embrasser. »

Il ajouta en la caressant et en pressant son visage contre celui de Nelly :

« Mais si vous voulez absolument partir, au moins aimez bien Willy, pour l’amour de moi. Dites-lui combien je l’aime encore, combien je l’aimais ; et quand je songerai que vous êtes tous deux ensemble, tous deux heureux, je tâcherai de supporter cela et jamais je ne vous causerai de peine en faisant quelque chose de mal. Oh ! jamais, jamais !… »

Nelly laissa le petit garçon lui prendre les mains et se les mettre autour du cou. Il y eut alors un silence mêlé de larmes ; mais il s’écoula peu de temps avant que Nelly regardât son petit ami avec un sourire et lui promît, d’une voix douce et calme, qu’elle resterait, et qu’il serait son ami tant que le ciel la laisserait sur terre. Il se frotta les mains avec joie et la remercia nombre de fois. Elle le pria de ne rien dire à personne de ce qui s’était passé entre eux, et il l’assura d’un accent chaleureux qu’il n’en dirait jamais rien.

En effet, Nelly n’entendit jamais dire qu’il en eût parlé : désormais il était de moitié dans ses promenades comme dans