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poser. Quelque chose qui depuis longtemps avait échappé à sa mémoire sembla s’agiter péniblement dans son esprit. Il ne pouvait l’en effacer, comme il avait fait d’autres sujets plus graves ; mais l’impression grandit, grandit encore, se reproduisit plusieurs fois ce même jour, et souvent dans la suite. Une fois, tandis qu’ils étaient à l’œuvre, l’enfant, voyant que son grand-père se retournait fréquemment et la regardait avec inquiétude comme s’il s’efforçait de résoudre quelques doutes cruels ou de réunir quelques pensées dispersées, le pressa de s’expliquer à ce sujet. « Ce n’est rien, dit-il, rien ! » Et posant sur son bras la tête de Nelly, il lui caressa la joue avec sa main et murmura :

« Chaque jour elle devient plus forte. Ce sera bientôt une femme. »






CHAPITRE XVIII.


À partir de ce temps, il s’éleva dans le cœur du vieillard, à l’égard de l’enfant, une sollicitude vigilante qui ne le quittait plus. Il y a dans le cœur humain des cordes étranges, variées, qui ne vibrent que par accident : elles resteront muettes et sourdes aux appels les plus passionnés, les plus ardents, et puis un jour enfin elles répondront au contact le plus léger et le plus fortuit. Dans les esprits les plus insensibles ou les plus enfantins, il y a un certain fonds de réflexion que l’art suscite rarement et que toute l’habileté du monde ne pourrait inspirer : il se révèle par hasard comme se sont révélées la plupart des grandes vérités, quand celui qui les découvrait n’avait en vue que le but le plus simple.

Du jour où s’était passée cette scène intime, le vieillard n’oublia plus un seul moment la faiblesse et le dévouement de l’enfant. À partir de ce petit incident, lui qui l’avait vue traverser, à ses côtés, tant d’obstacles et de souffrances, sans l’envisager autrement que comme la compagne naturelle des misères qu’il ressentait si cruellement lui-même et qu’il déplorait aussi bien pour lui que pour elle, il sentit intérieurement s’éveiller l’intelligence de sa dette envers Nelly et de l’état où ces misères