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à quelques milles d’ici ; je ne fais que de revenir. N’est-ce pas là la jeune gardienne de notre église ? Vous n’en êtes que davantage le bienvenu pour nous l’avoir amenée ainsi que ce vieillard. Et c’est de bon augure pour un maître que d’avoir commencé par apprendre lui-même à pratiquer l’humanité.

— Depuis quelque temps elle a bien souffert, dit le maître d’école, répondant ainsi au regard que le visiteur avait laissé tomber sur Nelly en l’embrassant sur la joue.

— Oui, oui, je vois bien qu’elle a souffert, dit le vieux bachelier. Ils ont cruellement souffert, et leur cœur aussi.

— En effet, monsieur, ce n’est que trop vrai. »

Tour à tour, le vieux bachelier promena son regard du grand-père à l’enfant, dont il prît tendrement la main. Il se leva.

« Vous serez plus heureux avec nous, dit-il ; ou du moins nous ferons tout pour cela. Vous avez déjà fait bien des améliorations ici. Est-ce votre ouvrage, mon enfant ?

— Oui, monsieur.

— Nous en ferons d’autres encore, qui ne vaudront certainement pas mieux, mais au moins avec plus de ressources. À présent, voyons, voyons un peu. »

Nell l’accompagna dans les autres petites chambres ainsi que dans le reste des deux maisons. Il fit la remarque qu’il manquait çà et là divers objets nécessaires et s’engagea à y pourvoir, grâce à une collection d’articles divers qu’il possédait chez lui, et ce devait être un magasin des plus variés et des plus hétérogènes. Tout cela arriva presque aussitôt : car une dizaine de minutes ne s’étaient pas écoulées, quand le petit gentleman qui venait de les quitter reparut chargé de vieilles planches, de morceaux de tapis, de couvertures et autres objets d’usage domestique ; il était suivi d’un jeune homme qui portait un fardeau de même nature. On jeta le tout en un monceau sur le parquet ; puis il fallut déployer une grande activité pour débrouiller, arranger, mettre en place les dons du vieux bachelier qui présidait au travail avec un plaisir extrême et y mettait la main lui-même avec une vivacité sans égale. Lorsqu’il ne resta plus rien à faire, il ordonna au jeune homme d’aller rassembler les enfants de l’école et de les amener devant leur nouveau maître, qui les passerait solennellement en revue.

« Une jolie collection d’élèves, mon cher Marton ; vous serez content de les voir, dit-il, se tournant vers le maître d’école