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la tranquillité de la nature était restée la même, si ce n’est que l’air retentissait des accords d’une musique et du battement des ailes des séraphins. Au bout de quelque temps, miss Edwards et sa sœur lui apparurent, se tenant par la main, et se promenant parmi les tombes. Et alors le rêve devint confus et s’évanouit.

Avec l’éclat et la gaieté du matin, revint aussi la continuation des travaux de la veille, le retour de ses pensées agréables, un redoublement d’énergie, de tendresse et d’espérance. Ils travaillèrent activement tous trois, jusqu’à midi à mettre en ordre et arranger leurs maisons ; puis ils allèrent faire visite au desservant.

C’était un vieux gentleman au cœur simple, à l’esprit humble, modeste, ami de la retraite. Il connaissait peu le monde, qu’il avait quitté depuis bien des années pour venir s’établir en ce lieu. Sa femme était morte dans la maison même qu’il occupait encore, et il y avait longtemps qu’il s’était détaché des joies et des espérances de la terre.

Il reçut avec bonté les visiteurs et montra tout de suite de l’intérêt à Nelly. Il s’informa de son nom, de son âge, du lieu de sa naissance, des événements qui l’avaient conduite dans ce pays, et ainsi de suite. Déjà le maître d’école avait raconté l’histoire de l’enfant.

« Ils n’ont laissé, lui avait-il dit, aucun ami derrière eux : ils sont sans feu ni lieu. Ils sont venus ici partager mon sort. J’aime cette enfant comme si elle était à moi.

— Bien, bien, dit le desservant. Qu’il soit fait comme vous le désirez. Elle est bien jeune.

— Elle est plus vieille que son âge, mûrie trop tôt par l’épreuve de l’adversité, monsieur, répondit le maître d’école.

— Que Dieu l’assiste ! Qu’elle se repose et qu’elle oublie tous ses malheurs ! dit le vieux desservant. Mais une église antique est un lieu triste et sombre pour un être aussi jeune que vous, mon enfant.

— Oh ! non, monsieur, répliqua Nelly. Je suis bien loin de penser ainsi, assurément.

— J’aimerais mieux la voir danser le soir sur le gazon, dit le desservant, en posant sa main sur la tête de Nelly et souriant avec mélancolie, que de la voir assise à l’ombre de nos arceaux poudreux. Songez à cela, et jugez si nos ruines solennelles ne