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table ; un grand vieux coffre qui avait jadis contenu les registres de l’église ; enfin, divers objets utiles servant aux usages domestiques, et une certaine quantité de bois à brûler pour la provision d’hiver ; tout cela était rangé dans la chambre et fournissait autant de preuves certaines que la maison avait été habitée à une époque récente.

L’enfant tournait autour d’elle des regards empreints de ce sentiment de pieuse vénération avec lequel nous contemplons l’œuvre des siècles qui sont devenus comme autant de gouttes d’eau dans l’immense océan de l’éternité. Le vieillard les avait suivis. Tous trois restèrent quelque temps silencieux ; ils retenaient leur souffle, comme s’ils avaient craint de troubler, même par le moindre bruit, le silence de ce lieu vénérable.

« Oh ! la belle maison ! … dit enfin l’enfant à voix basse.

— J’avais peur qu’elle ne vous parût différente, répondit le maître d’école. Vous avez frissonné quand nous y sommes entrés, comme si vous l’aviez trouvée froide ou sombre.

— Ce n’était pas cela, répondit Nelly regardant autour d’elle avec un léger frémissement. En vérité, je ne saurais vous dire ce que c’était ; mais j’ai éprouvé le même effet lorsque du porche de l’église j’ai contemplé l’extérieur de cette maison. Peut-être est-ce parce qu’elle est si vieille et si grise.

— C’est un endroit où il doit faire bon vivre, ne trouvez-vous pas ? dit son ami.

— Oh ! répondit l’enfant en joignant les mains avec ardeur ; un endroit tranquille et heureux, un bon endroit pour vivre et pour apprendre à mourir ! »

Elle en eût dit davantage ; mais dominée par l’énergie de ses pensées, sa voix se troubla, et les sons ne vinrent plus à ses lèvres qu’en soupirs confus.

— Un bon endroit pour vivre, et pour apprendre à vivre, pour acquérir la santé de l’esprit et du corps ! dit le maître d’école. Car cette vieille maison sera la vôtre.

— La nôtre ! … s’écria l’enfant.

— Oui, répondit gaiement le maître d’école, et pour bien des années heureuses, j’espère. Je serai votre proche voisin, porte à porte. Voilà votre maison. »

Débarrassé maintenant du poids de la grande surprise qui leur était préparée, le maître d’école s’assit et fit placer Nell près de lui. Il lui raconta alors comment il avait appris que cet ancien