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le visage tout rayonnant de joie, jusqu’à l’endroit dont il lui avait parlé.

Ils s’arrêtèrent devant une porte basse et cintrée. Après avoir inutilement essayé plusieurs clefs, le maître d’école finit par en trouver une à laquelle céda l’épaisse serrure. La porte s’ouvrit, en criant sur ses gonds, et permit aux visiteurs d’entrer dans la maison.

La pièce dans laquelle ils pénétrèrent était une chambre voûtée, qui jadis avait été soigneusement décorée par d’habiles architectes, et qui conservait encore dans son beau plafond aux vives arêtes, aux riches broderies de pierre, des vestiges brillants de son ancienne splendeur. Le feuillage sculpté sur les murs et qui défiait l’œuvre même de la nature, était demeuré à sa place comme pour dire combien de fois les feuilles des arbres avaient repoussé et s’étaient flétries, tandis que celles-là avaient bravé le temps sans éprouver de changement. Les figures à demi brisées qui supportaient l’entablement de la cheminée, bien que mutilées, laissaient voir encore ce qu’elles avaient été autrefois avant d’être cachées sous la couche de poussière qui les recouvrait, et s’élevaient tristement aux deux côtés du foyer vide, comme des créatures qui auraient survécu à leur génération et s’affligeraient de ne pouvoir mourir comme elle.

À une époque éloignée, car le changement même était antique dans ce lieu plein de vétusté, une cloison de bois avait été construite dans une partie de la pièce pour former un cabinet qui pût servir de chambre à coucher : vers ce temps, la lumière y pénétrait par une croisée ou plutôt une lucarne grossièrement percée dans l’épaisse muraille. Les matériaux dont elle était formée, ainsi que deux sièges déposés dans la vaste cheminée, avaient, à une date oubliée, fait partie de l’église du couvent ; car le chêne, approprié précipitamment à sa destination actuelle, avait été altéré dans sa forme première, mais n’en présentait pas moins une quantité de fragments de riches moulures empruntées aux stalles des religieux.

Une porte tout ouverte menait à une petite chambre ou cellule, où la lumière pénétrait à peine à travers un rideau de lierre, et qui complétait l’intérieur de cette partie des ruines. La maison n’était pas tout à fait dégarnie de meubles. Quelques sièges de forme antique, dont les bras et les pieds semblaient s’être affaissés avec l’âge ; une table, ou plutôt un fantôme de