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par son silence obstiné que c’était bien là la maison où l’on devait aller.

« Voyons, monsieur, dit le vieux gentleman, voulez-vous avoir la bonté de continuer ? Ce n’est pas ici ! »

Le poney regarda très-attentivement le tampon d’un conduit des eaux pour les pompes à incendie qui se trouvait à ses pieds, et il eut l’air d’être absorbé tout entier dans cette contemplation.

« Ah ! mon Dieu ! le méchant Whisker ! cria la vieille dame. Après avoir été d’abord si gentil et avoir été si loin et d’un si bon pas ! Je suis vraiment honteuse pour lui. Je ne sais ce que nous en pourrons faire, en vérité, je n’en sais rien. »

Le poney s’étant complètement édifié sur la nature et les propriétés du tampon, regarda en l’air ses ennemies naturelles, les mouches, et, comme il arriva qu’il y en eut une précisément qui lui piqua l’oreille en ce moment, il secoua la tête et battit ses flancs avec sa queue ; après quoi, il parut avoir repris tout son bien-être et toute sa tranquillité. Cependant le vieux gentleman, ayant épuisé les moyens de persuasion, avait mis pied à terre pour le conduire à la main, quand le poney, soit qu’il vît dans cette détermination de son maître une concession suffisante, soit parce qu’il avait aperçu l’autre plaque de cuivre, soit enfin qu’il éprouvât un accès de dépit, partit comme un trait avec la vieille dame et s’arrêta juste devant la maison, laissant le vieux monsieur le suivre tout essoufflé.

En ce moment, Kit se présenta à la tête du poney et souleva son chapeau en souriant.

« Eh ! Dieu me bénisse ! s’écria le vieux monsieur, c’est bien le garçon de l’autre jour !… Voyez-vous, ma chère ?

— Je vous avais promis d’être ici, monsieur, dit Kit en caressant le cou de Whisker. J’espère que vous avez fait un bon voyage, monsieur. Vous avez là un joli petit poney.

— Ma chère, reprit le vieux monsieur, voilà un garçon comme on n’en voit pas !… Ce doit être un brave garçon, j’en suis sûr.

— Oh ! oui, dit la vieille dame, un brave garçon et sans doute aussi un bon fils. »

Kit les remercia de ces expressions bienveillantes en soulevant à plusieurs reprises son chapeau et en rougissant jusqu’aux oreilles.