Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, je me le rappelle.

— Étiez-vous accompagné dans cette occasion par un ami du nom de Tupman, et par un autre du nom de Snodgrass.

— Oui, monsieur.

— Sont-ils ici ?

— Oui, ils y sont, répondit M. Winkle en regardant avec inquiétude l’endroit où étaient placés ses amis.

— Je vous en prie, monsieur Winkle, occupez-vous de moi et ne pensez pas à vos amis, reprit M. Skimpin, en jetant au jury un autre coup d’œil expressif. Il faudra qu’ils racontent leur histoire sans avoir de consultation préalable avec vous, s’ils n’en ont pas eu déjà (autre regard au jury). Maintenant, monsieur, dites à MM. les jurés ce que vous vîtes en entrant dans la chambre du défendeur, le jour en question. Allons ! monsieur, accouchez donc ; il faut que nous le sachions tôt ou tard.

— Le défendeur, M. Pickwick, tenait la plaignante dans ses bras, ayant ses mains autour de sa taille, répliqua M. Winkle, avec une hésitation bien naturelle ; et la plaignante paraissait être évanouie.

— Avez-vous entendu le défendeur dire quelque chose ?

— Je l’ai entendu appeler Mme Bardell une bonne âme, et l’engager à se calmer, en lui représentant dans quelle situation on les trouverait s’il survenait quelqu’un, ou quelque chose comme cela.

— Maintenant, monsieur Winkle, je n’ai plus qu’une question à vous faire, et je vous prie de vous rappeler l’avertissement de milord. Voulez-vous affirmer, sous serment, que Pickwick, le défendeur, n’a pas dit dans l’occasion en question : « Ma chère madame Bardell, vous êtes une bonne âme ; habituez-vous à cette situation : un jour vous y viendrez, même devant quelqu’un ; » ou quelque chose comme cela.

— Je… je ne l’ai certainement pas compris ainsi, dit M. Winkle étonné de l’ingénieuse explication donnée au petit nombre de paroles qu’il avait entendues. J’étais sur l’escalier, et je n’ai pas pu entendre distinctement. L’impression qui m’est restée est que…

— Ah ! interrompit M. Skimpin, les gentlemen du jury n’ont pas besoin de vos impressions qui, je le crains, ne satisferaient guère des personnes honnêtes et franches : vous étiez sur l’escalier et vous n’avez pas entendu distinctement ; mais vous ne voulez pas jurer que M. Pickwick ne se soit