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était visiblement affecté, et plusieurs des spectateurs toussèrent pour cacher leur émotion.

« Une très-bonne idée, murmura Perker à M. Pickwick. Dodson et Fogg sont d’habiles gens. Voilà une scène d’un excellent effet, mon cher monsieur, d’un excellent effet. »

Pendant que Perker parlait, Mme Bardell revenait lentement à elle, et Mme Cluppins, après avoir soigneusement examiné les boutons de master Bardell et leurs boutonnières respectives, le plaçait sur le parquet de la cour, devant sa mère : position avantageuse où il ne pouvait manquer d’éveiller la commisération des jurés et du juge. Cependant cela ne s’était pas fait sans une opposition considérable de la part du jeune gentleman lui-même ; car il n’était pas éloigné de croire que ce fût là une formalité légale, après laquelle on le condamnerait à une exécution immédiate ou à la transportation au delà des mers pour le reste de ses jours, tout au moins.

« Bardell et Pickwick ! cria le gentleman en noir, appelant la cause qui se trouvait la première sur la liste.

— Milord, dit Me Buzfuz, je suis pour la plaignante.

— Avec qui êtes-vous, Me Buzfuz ? demanda le juge. »

M. Skimpin salua pour exprimer que c’était avec lui.

« Je parais pour le défendeur, milord, dit à son tour Me Snubbin.

— Il y a quelqu’un avec vous, Me Snubbin ? reprit le juge.

— M. Phunky, milord.

— Me Buzfuz et Me Skimpin, pour la plaignante, dit le juge en écrivant les noms sur son livre de notes et en articulant ce qu’il écrivait. Pour le défendeur, Me Snubbin et M. Tronquet.

— Je demande pardon à votre seigneurie : Phunky.

— Oh ! très-bien, dit le juge. Je n’avais jamais eu le plaisir d’entendre le nom de monsieur. »

Ici M. Phunky salua et sourit, et le juge salua et sourit aussi ; et alors M. Phunky, rougissant jusqu’au blanc des yeux, s’efforça d’avoir l’air d’ignorer que tout le monde le regardait, chose qui n’a jamais réussi jusqu’à présent à personne, et qui suivant toutes probabilités, ne réussira en aucun temps.

« Procédons, » dit le juge.

Les huissiers, crièrent de nouveau : silence ! et M. Skimpin exposa l’affaire ; mais, lorsqu’elle fut exposée, l’audience n’en fut guère plus avancée, car l’avocat avait soigneusement gardé pour lui-même les particularités qu’il savait ; et, quand