Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

(applaudissements formidables). Était habituée à recevoir par jour 1 shilling et 6 pence, une pinte de porter et un verre d’eau-de-vie, mais depuis qu’elle est devenue membre de la branche de Brick-Lane elle demande toujours à la place 3 shillings et 6 pence (l’annonce de ce fait intéressant est reçue avec le plus étourdissant enthousiasme).

« Henry Beller a été pendant nombre d’années maître d’hôtel pour différents dîners de corporations. En ce temps-là il buvait une grande quantité de vins étrangers. Il en a peut-être emporté quelquefois une bouteille ou deux chez lui. Il n’est pas tout à fait certain de cela, mais il est sûr que s’il les a emportées, il en a bu le contenu. Il se trouve très-mal disposé et mélancolique, est agité la nuit et éprouve une soif continuelle. Il pense que ce doit être le vin qu’il avait l’habitude de boire (applaudissements). Il est sans emploi maintenant, et ne tâte jamais une seule goutte de vins étrangers (applaudissements épouvantables).

« Thomas Burten, marchand de mou du lord maire, des schérifs et de plusieurs membres du Common council (le nom de ce gentleman est entendu avec un intérêt saisissant). Il a une jambe de bois : il trouve qu’une jambe de bois coûte bien cher quand on marche sur le pavé. Il avait l’habitude d’acheter des jambes de bois d’occasion, et buvait régulièrement chaque soir un verre d’eau et de genièvre chaud ; quelquefois deux (profonds soupirs). Il s’est aperçu que les jambes d’occasion se fendaient et se pourrissaient très-promptement ; il est fermement persuadé que leur constitution était minée par l’eau et le genièvre (applaudissements prolongés). Il achète maintenant des jambes de bois neuves, et ne boit rien que de l’eau et du thé léger. Les nouvelles jambes de bois durent deux fois aussi longtemps que les anciennes, et il attribue cela uniquement à ses habitudes de tempérance (applaudissements triomphants). »

Après cette lecture, Anthony Humm proposa à l’assemblée de se régaler d’une chanson. Il l’invita à se joindre à lui pour chanter les paroles du joyeux batelier, adaptées à l’air du centième psaume par le frère Mordlin, en vue de favoriser les jouissances morales et rationnelles de la société (grands applaudissements). M. Anthony Humm saisit cette opportunité d’exprimer sa ferme persuasion que feu M. Dibdin[1], reconnais-

  1. Auteur de chansons célèbres.