« Quelle drôle de lettre, dit Sam. Y a-t-il moyen de comprendre ce qu’il veut dire avec ses il et ses je. Ce n’est pas l’écriture de mon père, excepté cette signature ici en lettres moulées. Ça c’est sa griphe.
— Peut-être qu’il l’a fait écrire par quelqu’un et qu’il a signé ensuite, dit la jolie femme de chambre.
— Attendez un peu, reprit Sam en parcourant la lettre de nouveau et en s’arrêtant çà et là pour réfléchir. Vous avez raison. Le gentleman qui l’a écrite racontait le malheur qui est arrivé d’une manière convenable, et alors v’là le père qui vient regarder par-dessus son épaule et qui complique l’histoire en y fourrant son nez. C’est précisément comme ça qu’il fait toujours. Vous avez raison, Mary, ma chère. »
S’étant mis l’esprit en repos sur ce point, Sam relut encore la lettre, et paraissant, pour la première fois, se faire une idée nette de son contenu, il la referma d’un air pensif en disant :
« Ainsi la pauvre créature est morte. J’en suis fâché : elle n’aurait pas eu un mauvais caractère, si ces bergers l’avaient laissée tranquille. J’en suis très-fâché. »
Sam murmura ces paroles d’un air si sérieux que la jolie bonne baissa les yeux et prit une physionomie grave.
« Quoi qu’il en soit, poursuivit Sam en mettant la lettre dans sa poche avec un léger soupir, ça devait arriver comme ça, et il n’y a plus de remède maintenant, comme dit la vieille lady, après avoir épousé son domestique. C’est-il pas vrai, Mary ? »