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main. J’espère que vous allez bien, monsieur ? Charmé de vous voir, asseyez-vous, monsieur Pickwick, je vous en prie. Ce gentleman est ?…

— Mon ami monsieur Sawyer, répondit M. Pickwick, un ami de votre fils.

— Oh ! fit M. Winkle en regardant Bob d’un air un peu refrogné. J’espère que vous allez bien, monsieur ?

— Comme un charme, répliqua Bob.

— Cet autre gentleman, dit M. Pickwick, cet autre gentleman, comme vous le verrez quand vous aurez lu la lettre dont je suis chargé, est un parent très-proche… ou plutôt devrais-je dire, un intime ami de votre fils. Son nom est Allen.

— Ce gentleman ? » demanda M. Winkle, en montrant avec la carte M. Benjamin Allen, qui s’était endormi dans une attitude telle qu’on n’apercevait de lui que son épine dorsale, et le collet de son habit.

M. Pickwick était sur le point de répondre à cette question, et de réciter tout au long les noms et honorables qualités de M. Benjamin Allen, quand le spirituel Bob, afin de faire comprendre à son ami la situation où il se trouvait, lui fit dans la partie charnue du bras un violent pinçon. Ben se dressa sur ses pieds, avec un grand cri ; mais s’apercevant aussitôt qu’il était en présence d’un étranger, il s’avança vers M. Winkle et lui secouant tendrement les deux mains pendant environ cinq minutes, murmura quelques mots sans suite, à moitié intelligibles, sur le plaisir qu’il éprouvait à le voir ; lui demandant, d’une manière très-hospitalière, s’il était disposé à prendre quelque chose après sa promenade, ou s’il préférait attendre jusqu’au dîner ; après quoi il s’assit, et se mit à regarder autour de lui, d’un air hébété, comme s’il n’avait pas eu la moindre idée du lieu où il se trouvait ; ce qui était vrai, effectivement.

Tout ceci était fort embarrassant pour M. Pickwick, et d’autant plus que M. Winkle senior témoignait un étonnement palpable à la conduite excentrique, pour ne pas dire plus, de ses deux compagnons. Afin de mettre un terme à cette situation, il tira une lettre de sa poche, et la présentant à M. Winkle, lui dit :

« Cette lettre, monsieur, est de votre fils. Vous verrez par ce qu’elle contient que son bien-être et son bonheur futur dépendent de la manière bienveillante et paternelle dont vous l’accueillerez. Vous m’obligerez beaucoup en la lisant avec