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— Oui, je connais le coquin, répondit celui-ci d’un ton de bonne humeur. Allez voir votre ami, et trouvez-vous ici demain à une heure, entendez-vous. Vous n’avez plus rien à me dire, Pickwick ?

— Rien du tout. Sam, vous avez donné à votre hôte le petit paquet que je vous ai remis pour lui ?

— Oui, monsieur, il s’est mis à pleurer, et il a dit que vous étiez bien bon et bien généreux, mais qu’il souhaiterait plutôt que vous puissiez lui faire inoculer une bonne apoplexie, vu que son vieil ami, avec qui il avait vécu si longtemps, est mort, et qu’il n’en trouvera plus jamais d’autre.

— Pauvre homme ! dit M. Pickwick : pauvre homme ! Que Dieu vous bénisse, mes amis ! »

Lorsque l’excellent homme eut ainsi fait ses adieux, la foule poussa une acclamation bruyante, et beaucoup d’individus se précipitaient vers lui pour serrer de nouveau ses mains ; mais il passa son bras sous celui de Perker et s’empressa de sortir de la maison, infiniment plus triste en cet instant que lorsqu’il y était entré. Hélas ! combien d’êtres infortunés restaient là après lui ; et combien y sont encore enchaînés !

Ce fut une heureuse soirée, du moins pour la compagnie qui s’était rassemblée à l’hôtel de George et Vautour ; et le lendemain matin il sortit de cette demeure hospitalière deux cœurs légers et joyeux, dont les propriétaires étaient M. Pickwick et Sam Weller. Le premier fut bientôt après déposé dans l’intérieur d’une bonne chaise de poste, et le second monta légèrement sur le petit siége de derrière.

« Monsieur, cria le valet à son maître.

— Eh ! bien, Sam ? répondit M. Pickwick en mettant la tête à la portière.

— Je voudrais bien que ces chevaux-là soient restés trois mois en prison, monsieur.

— Et pourquoi cela, Sam ?

— Ma foi, monsieur, s’écria Sam en se frottant les mains c’est qu’ils détaleraient d’un fameux train ! »