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« N’avance pas ! répéta-t-il en frémissant de rage et de terreur ; et en même temps, levant son bâton, il en frappa violemment le libéré au visage.

— Mon père !… Misérable !… » murmura celui-ci entre ses dents serrées ; puis, s’élançant avec fureur, il saisit le vieillard à la gorge ; mais il se souvint que c’était son père, et ses mains retombèrent sans force à ses côtés.

Le vieillard jeta un cri perçant, qui retentit à travers les champs déserts comme les hurlements d’un mauvais esprit. Sa face devint livide, le sang jaillit de sa bouche et de son nez, il chancela et tomba en arrière. Il s’était rompu un vaisseau, et lorsque son fils le releva de la mare de sang noir et épais qu’il avait vomie, il était mort.

Dans un coin de notre cimetière, repose un homme que j’ai employé à mon service pendant trois années, après cet événement. Il était réellement repentant et corrigé. Personne n’a su durant sa vie qui il était, ni d’où il venait. C’était Edmunds le convict libéré. »






CHAPITRE VII.

Comment M. Winkle, au lieu de tirer le pigeon et de tuer la corneille, tira la corneille et blessa le pigeon. Comment le club de la Crosse de Dingley-Dell lutta contre celui de Muggleton, et comment Muggleton dîna aux dépens de Dingley-Dell. Avec diverses autres matières également instructives et intéressantes.

Les fatigantes aventures de la journée, ou peut-être l’influence somnifère de l’histoire racontée par le ministre, opérèrent si fortement sur les nerfs de M. Pickwick qu’il était à peine au lit depuis cinq minutes, lorsqu’il s’endormit d’un sommeil profond. Il n’en fut tiré que le lendemain matin par les brillants rayons du soleil levant, qui pénétraient dans sa chambre, et qui semblaient lui adresser des reproches.

M. Pickwick n’était pas paresseux : comme un vaillant guerrier, il s’élança hors de sa tente… je veux dire à bas de son lit.

« Quel délicieux pays ! s’écria-t-il avec enthousiasme en ouvrant sa jalousie. Ah ! lorsqu’on a senti l’influence d’un