Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 1.djvu/416

Cette page a été validée par deux contributeurs.

viens qu’il nous raconta l’histoire du vieux Gabriel Grub, qui a été enlevé par les goblins[1].

— L’histoire de qui ? demanda M. Pickwick avec curiosité.

— Oh ! rien, répliqua M. Wardle. L’histoire d’un vieux sacristain, que les bonnes gens d’ici supposent avoir été emporté par les goblins.

— Supposent ! s’écria la vieille lady. Y a-t-il quelqu’un d’assez téméraire pour en douter ? Supposent ! N’avez-vous pas toujours entendu dire, depuis votre enfance, qu’il a été emporté par les goblins, et ne savez-vous pas que c’est la vérité ?

— Très-bien, maman, répliqua M. Wardle, en riant, il fut emporté si vous voulez. — Il fut emporté par les goblins, Pickwick, et voilà toute l’histoire.

— Non pas, non pas, je vous assure, reprit M. Pickwick. Ce n’est pas toute l’histoire, car il faut que j’apprenne comment il fut enlevé, et pourquoi, et les tenants et les aboutissants. »

M. Wardle sourit, en voyant toutes les têtes se pencher pour l’écouter. Ayant donc rempli son verre d’une main libérale, il porta une santé à M. Pickwick, par un geste familier, et commença ainsi qu’il suit…

Mais que Dieu bénisse notre cerveau d’éditeur. À quel long chapitre nous sommes-nous laissé entraîner ! Nous le déclarons solennellement, nous avions complétement oublié toutes ces petites entraves qu’on appelle chapitres. C’est égal : nous allons donner le champ libre aux revenants en leur ouvrant un nouveau chapitre. Point de passe-droits à leur préjudice, s’il vous plaît, messieurs et mesdames.





CHAPITRE XXIX.

Histoire du sacristain emporté par les goblins.

Dans une vieille ville abbatiale de ce comté, vivait, il y a bien longtemps ; si longtemps, que l’histoire doit être vraie,

  1. Espèce de lutins.