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souper chaud de pommes de terre et de fromage rôti ; et tandis que le fromage bruissait et friait devant le feu, tandis que les pommes de terre cuisaient délicieusement dans un poêlon, mistress Bardell et ses deux amies se régalaient d’une petite conversation critique concernant toutes leurs connaissances réciproques. Master Bardell interrompit cette intéressante revue en rapportant le message qui lui avait été confié par Sam.

« Le domestique de M. Pickwick ! s’écria mistress Bardell en pâlissant.

— Bonté divine ! fit mistress Cluppins.

— Eh bien ! réellement je n’aurais pas cru ça, si je n’y avais pas t’été, » déclara mistress Sanders.

Mistress Cluppins était une petite femme vive et affairée ; mistress Sanders une personne grosse, grasse et pesante. Toutes les deux formaient la compagnie.

Mistress Bardell trouva convenable d’être agitée, et comme aucune des trois amies ne savait s’il était bon d’avoir des communications avec le domestique de M. Pickwick, autrement que par le ministère de Dodson et Fogg, elles se trouvaient prises au dépourvu. Dans cet état d’indécision, la première chose à faire était évidemment de taper le petit garçon pour avoir trouvé M. Weller à la porte. La tendre mère n’y manqua pas, et il se mit à crier fort mélodieusement.

« Ne m’étourdissez pas les oreilles, méchante créature ! lui dit mistress Bardell.

— Ne tourmentez pas votre pauvre chère mère ! cria mistress Cluppins.

— Elle en a assez des tourments, ajouta mistress Sanders avec une résignation sympathisante.

— Ah ! oui, l’est-elle malheureuse ! pauvre agneau !  » reprit mistress Cluppins.

Pendant ces réflexions morales, master Bardell hurlait de plus en plus fort.

« Qu’allons-nous faire maintenant ? demanda mistress Bardell à mistress Cluppins.

— Je pense que vous devriez le voir, devant un témoin, s’entend.

— Deux témoins, serait plus légal, fit observer mistress Sanders, qui, ainsi que son amie, crevait de curiosité.

— Peut-être qu’il vaudrait mieux le faire venir ici, » reprit mistress Bardell.

Mistress Cluppins adopta avidement cette idée. « Bien