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Mary, qui se trouvait là toute seule, l’éclaira. Après avoir regardé de tous les côtés, la jolie bonne, dans son anxiété pour trouver le chapeau perdu, se mit sur ses genoux et retourna tous les objets entassés dans un petit coin derrière la porte. C’était un petit coin fort incommode. On ne pouvait y arriver sans commencer par fermer la porte.

« Le voilà, dit enfin la jolie bonne, n’est-ce pas cela ?

— Voyons, » fit Sam.

Mary avait posé la chandelle sur le plancher, et, comme elle éclairait fort peu, Sam fut obligé de se mettre aussi à genoux pour voir si c’était réellement son chapeau. Le recoin était remarquablement petit, et ainsi, sans qu’il y eût de la faute de personne, excepté de l’architecte qui avait bâti la maison Sam et la jolie bonne se trouvaient nécessairement fort près l’un de l’autre.

« C’est bien lui, dit Sam, adieu.

— Adieu, répondit la jolie bonne.

— Adieu, répéta Sam, et en disant cela il laissa tomber le chapeau qu’il avait eu tant de peine à trouver.

— Comme vous êtes maladroit ! dit Mary. Vous le perdrez encore si vous n’y prenez pas garde. » Et pour qu’il ne se perdît plus, elle le lui mit sur la tête.

Le visage de la jolie bonne paraissait plus joli encore, étant ainsi levé vers Sam : or, soit à cause de cela, soit par une simple conséquence de leur juxtaposition, il arriva que Sam l’embrassa.

« J’espère que vous ne l’avez pas fait exprès ! s’écria-t-elle en rougissant.

— Non, ma chère, mais je vais la faire exprès à présent ; » et il l’embrassa une seconde fois.

« Sam ! cria M. Pickwick par-dessus la rampe.

— Voilà, monsieur, répondit Sam, en montant les marches quatre à quatre.

— Vous avez été bien longtemps.

— Il y avait quelque chose derrière la porte, qui nous a empêchés de l’ouvrir pendant tout ce temps-là, monsieur. »

Tel fut le premier chapitre des amours de Sam.