le meilleur garçon du monde, et le consigna aux soins hospitaliers de M. Muzzle, avec l’ordre spécial de l’emmener en bas, et d’avoir le plus grand soin de lui.
— Comment vous portez-vous, monsieur ? dit Muzzle à Sam Weller, en le conduisant à la cuisine.
— Hé ! hé ! il n’y a pas grand changement depuis que je vous ai vu si bien redressé derrière la chaise de votre gouverneur, dans la salle.
— Je vous demande excuse de ne pas avoir fait attention à vous pour lors. Vous voyez que mon patron ne nous avait pas présentés, pour lors. Dame ! il vous aime bien, monsieur Weller !
— Ah ! c’est un bien gentil garçon.
— N’est-ce pas ?
— Si jovial !
— Et un fameux homme pour parler ! Comme ses idées sont coulantes, hein ?
— Étonnant ! elles débondent si vite qu’elles se cognent la tête l’une sur l’autre que c’en est étourdissant, et qu’on ne sait pas seulement de quoi il s’agit.
— C’est le grand mérite de son style d’éloquence… Prenez garde au dernier pas, monsieur Weller. Voudriez-vous vous laver les mains avant de rejoindre les ladies ? Voilà une fontaine, et il y a un essuie-mains blanc accroché derrière la porte.
— Je ne serai pas fâché de me rincer un brin, répliqua Sam, en appliquant force savon noir sur le torchon. Combien y a-t-il de dames ?
— Seulement deux dans notre cuisine. Cuisinière et bonne. Nous avons un garçon pour faire les ouvrages sales et une fille de plus ; mais ça dîne dans la buanderie.
— Ah ! ça dîne dans la buanderie !
— Oui, nous en avons essayé à notre table quand c’est arrivé ; mais nous n’avons pas pu y tenir ; les manières de la fille sont horriblement vulgaires, et le garçon fait tant de bruit en mâchant, que nous avons trouvé impossible de rester à table avec lui.
— Oh ! quel jeune popotame !
— C’est dégoûtant ! voilà ce qu’il y a de pire dans le service de province, monsieur Weller ; les jeunes gens sont si tellement mal élevés… Par ici, monsieur, s’il vous plaît. » Tout en parlant ainsi et en précédant Sam avec la plus exquise politesse, Muzzle le conduisit dans la cuisine.
« Mary, dit-il à la jolie servante, c’est M. Weller, un gentle-