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tait abouché avec un certain Claricker, c’était le nom du jeune marchand, et que Claricker lui avait témoigné à première vue une sympathie extraordinaire, et qu’il croyait que la chance de réussir était enfin venue. À mesure que ses espérances prenaient plus de consistance et que son visage devenait plus radieux, il dut voir en moi un ami de plus en plus affectueux ; car j’eus là la plus grande difficulté à retenir des larmes de bonheur et de triomphe en le voyant si heureux. À la fin, la chose se fit, et le jour qu’il entra dans la maison Claricker, il me parla pendant toute la soirée avec l’animation du plaisir et du succès. Je pleurai alors réellement et abondamment, en allant me coucher, et en pensant que mes espérances avaient fait au moins un peu de bien à quelqu’un.

Maintenant commence à poindre un grand événement dans ma vie, et qui la fit dévier de sa route. Mais avant que je raconte, et que je passe à tous les changements qui s’ensuivirent, je dois consacrer un chapitre à Estelle. C’est bien peu accorder au sujet qui, depuis si longtemps, remplissait mon cœur.


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