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Il avait marqué chaque pont à son tour, en frappant avec la poignée de sa clef sur la paume de sa main :

« Il n’y en a pas moins de sept à choisir, vous voyez.

— Je ne vous comprends pas, dis-je.

— Choisissez votre pont, monsieur Pip, repartit Wemmick, promenez-vous sur votre pont, et lancez votre argent dans la Tamise par-dessus l’arche centrale de votre pont, et vous en connaîtrez la fin. Rendez service à un ami, prêtez-lui de l’argent, et vous pourrez également en savoir la fin ; mais c’est une fin moins agréable et moins profitable. »

J’aurais pu mettre un journal à la poste dans sa bouche, tant il l’entrebâillait après avoir dit cela.

« C’est bien décourageant, dis-je.

— Je n’ai pas voulu faire autre chose.

— Alors, votre opinion, dis-je légèrement indigné, est qu’un homme ne devrait jamais…

— Placer un avoir portatif chez un ami, dit Wemmick, certainement non ; à moins qu’il ne veuille se débarrasser de l’ami ; et alors, le tout est de savoir quelle somme portative il peut falloir pour se débarrasser de lui.

— Et c’est là votre dernier mot, monsieur Wemmick !

— C’est là ! répondit-il, mon dernier mot… ici…

— Ah ! dis-je en le pressant, car je croyais voir jour derrière lui. Mais serait-ce votre dernier mot chez vous, à Walworth.

— Monsieur Pip, répliqua-t-il avec gravité, Walworth est un endroit, et cette étude en est un autre, de même que mon père est une personne, et que M. Jaggers est une autre personne : il ne faut pas les

    de Charing-Cross, entre les ponts de Waterloo et de Westminster ; 2° le pont Victoria, entre les ponts du Wauxhall et de Chelsea ; 3° le pont de Battersea en aval du pont de Chelsea.