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sur nous, votre nom paraît assez souvent sur le livre de caisse de Wemmick ; mais vous avez des dettes, cela va sans dire ?

— Je crains bien qu’il ne faille dire oui, monsieur.

— Vous savez qu’il faut dire oui, n’est-ce pas ? dit M. Jaggers.

— Oui, monsieur.

— Je ne vous demande pas ce que vous devez, parce que vous ne le savez pas, et que, si vous le saviez, vous ne le diriez pas… Oui… oui… mon ami ! s’écria M. Jaggers en agitant son index, en voyant que j’allais protester, il est assez probable que, quand même vous le voudriez, vous ne le pourriez pas. J’en sais plus long là-dessus que vous. Maintenant, prenez ce morceau de papier. Vous le tenez ?… Très-bien !… Allons, dépliez-le et dites-moi ce que c’est.

— C’est une banknote, dis-je, de cinq cents livres.

— C’est une banknote de cinq cents livres, et c’est une jolie somme d’argent ! Qu’en dites-vous ?

— Comment pourrais-je dire autrement !

— Ah ! mais, répondez à ma question, dit M. Jaggers.

— Indubitablement.

— Vous trouvez que c’est indubitablement une jolie somme. Eh bien ! cette jolie somme, monsieur Pip, vous appartient ; c’est un présent qu’on vous fait aujourd’hui ; c’est un à-compte sur vos espérances, et c’est à raison de cette belle somme par an, et pas d’une plus grande, que vous devez vivre, jusqu’à ce que le donateur du tout se présente. C’est-à-dire que vous arrangerez vos affaires d’argent comme vous l’entendrez, et vous recevrez de Wemmick cent vingt-cinq livres par trimestre, jusqu’à ce que vous communiquiez directement avec la source principale, et non plus avec celui qui n’est qu’un simple agent. Comme je vous l’ai déjà