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Ajoutant avec soin :

« Hôtel Barnard. »

Et la date.

Herbert aussi prenait une feuille de papier et écrivait la même formule :

ÉTAT DES DETTES D’HERBERT.

Chacun de nous se reportait alors à un monceau de papiers placé à son côté, et qui avaient été jetés dans des tiroirs après avoir été usés et déchirés dans les poches, ou à demi brûlés pour allumer les bougies, plantés dans le coin des glaces pendant des semaines, ou autrement avariés. Le bruit de nos plumes sur le papier nous calmait considérablement, et parfois même je trouvais autant de mérite au travail édifiant que nous entreprenions que si nous avions réellement payé nos dettes. Au point de vue méritoire, ces deux choses me semblaient à peu près égales.

Quand nous avions écrit un certain temps, je demandais à Herbert où il en était.

« Elles montent, Haendel, disait-il, elles montent, sur ma parole ! »

Herbert se grattait préalablement la tête à la vue de ces chiffres accumulés !

« Soyez ferme, Herbert, répondais-je en me couchant sur ma plume avec une nouvelle ardeur ; regardez la chose en face ; voyez dans vos affaires, fixez-les jusqu’à les dévisager.

— C’est ce que je voudrais, Haendel ; seulement, ce sont elles qui me dévisagent. »

Mon ton résolu n’en produisait pas moins son effet, et Herbert se remettait au travail. Un moment après, il cessait de nouveau, sous prétexte qu’il n’avait pas la