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suites légales qui n’étaient pas tout à fait étrangères à la bijouterie, comme le disait certain papier griffonné que j’avais sous les yeux, j’allai jusqu’à saisir le Vengeur par le collet et à l’enlever de terre, de sorte qu’il se trouvait en l’air comme un Cupidon botté, sous prétexte qu’il nous manquait un petit pain.

À certains jours, ou plutôt à des jours incertains, car ils dépendaient de notre humeur, je disais à Herbert, comme si je venais de faire une découverte remarquable :

« Mon cher Herbert, nous nous enfonçons.

— Mon cher Haendel, me répondait Herbert, en toute sincérité, croyez-le si vous le voulez, mais ces mêmes mots, par une étrange coïncidence, étaient sur mes lèvres.

— Alors, Herbert, répliquais-je, voyons à voir clair dans nos affaires. »

Nous éprouvions toujours une profonde satisfaction en prenant jour dans cette intention ; je m’imaginais toujours que c’était là traiter les affaires ; que c’était le moyen de prendre l’ennemi à la gorge, et je sais qu’Herbert pensait comme moi.

Nous commandions quelque chose de délicat et de rare, pour dîner, avec une bouteille de quelque chose sortant aussi de l’ordinaire, afin de fortifier nos esprits et d’être en état de bien examiner les choses. Le dîner fini, nous mettions sur la table un paquet de plumes, de l’encre en abondance et une quantité raisonnable de papier blanc et de papier buvard, car il nous avait paru convenable d’avoir une papeterie bien montée.

Je prenais alors une feuille de papier et j’écrivais en haut de la page, et d’une belle main :

ÉTAT DES DETTES DE PIP.