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tions charitables et affectueuses envers le genre humain, recevez mes humbles remercîments pour tout ce que vous avez fait pour moi, et que j’ai si mal reconnu ! Je vous préviens que je vais vous quitter dans une heure, car je vais bientôt partir, et je vous promets que je ne prendrai pas de repos avant d’avoir gagné l’argent que vous m’avez donné pour empêcher qu’on me conduisît en prison, et avant de vous l’avoir envoyé. Ne pensez pas, mon cher Joe, et vous, ma bonne Biddy, que si je pouvais vous le rendre mille fois, je pourrais m’imaginer retrancher un seul liard de ce que je vous dois, ni que je le ferais si je le pouvais. »

Ils furent tous deux attendris par ces paroles, et me supplièrent de n’en pas dire davantage.

« Mais je dois en dire davantage, mon cher Joe ; j’espère que vous aurez des enfants à aimer, et qu’un jour quelque petit garçon s’assoira dans ce coin de la cheminée pendant les soirées d’hiver, et vous fera souvenir d’un autre petit garçon qui l’a quitté pour toujours. Ne lui dites pas, Joe, que j’ai été ingrat ; ne lui dites pas, Biddy, que j’ai été injuste et sans générosité. Dites-lui seulement que je vous ai honorés tous deux, parce que vous avez été tous deux bien bons et bien sincères, et dites-lui que je souhaite qu’il soit un meilleur homme que je ne l’ai été.

— Je ne lui dirai, fit Joe derrière sa manche, rien de la sorte, Pip, ni Biddy non plus, ni personne non plus.

— Et maintenant, bien que je sache que vous l’ayez déjà fait tous deux, du fond de vos excellents cœurs, je vous en prie, dites-moi tous les deux que vous me pardonnez ! Je vous en prie, laissez-moi entendre ces paroles ; que je puisse en emporter le son avec moi, et alors je pourrai croire que vous pourrez avoir confiance