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les premiers temps où je m’étais trouvé malheureux puis de lui dire enfin :

« Biddy, je crois que tu m’aimais bien autrefois, alors même que mon cœur vagabond s’écartait de toi. Si tu peux m’aimer seulement la moitié de ce que tu m’aimais autrefois ; si tu peux me prendre avec toutes mes fautes et toutes les désillusions qui sont tombées sur ma tête, et si tu peux me recevoir comme un enfant auquel on pardonne (et vraiment je suis bien chagrin, Biddy, et j’ai bien besoin d’une voix douce et d’une main consolatrice), j’espère être maintenant un peu plus digne de toi que je ne l’étais alors, pas beaucoup : mais un peu. Biddy, c’est à toi de dire si je travaillerais à la forge avec Joe, ou si j’essayerai une occupation différente dans ce pays, ou si nous irons dans quelque ville lointaine, où m’attend une situation que je n’ai point acceptée quand on me l’a offerte, car je voulais auparavant connaître ta réponse. Et maintenant, Biddy, si tu peux me dire que tu m’accompagneras en ce monde, tu en feras assurément un meilleur monde pour moi, et de moi un meilleur homme pour lui, et je ferai tous mes efforts pour en faire un meilleur monde pour toi. »

Tel était mon projet. Après trois jours de plus de convalescence, je partis pour notre vieil endroit, afin de le mettre à exécution. Tout ce qu’il me reste à dire, c’est comment j’y réussis.


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