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amis, et quand vous serez assez bien pour sortir faire un tour de promenade… ah ! quel plaisir !… »

Après quoi Joe se retira à la fenêtre et se tint le dos tourné vers moi, en train de s’essuyer les yeux ; et comme mon extrême faiblesse m’empêchait de me lever et d’aller à lui, je restai là, murmurant ces mots de repentir :

« Ô mon Dieu ! bénissez-le, bénissez cet excellent homme et ce bon chrétien ! »

Les yeux de Joe étaient rouges quand il se retourna ; mais je tenais sa main, et nous étions heureux tous les deux.

« Combien de temps, cher Joe ?

— Vous voulez dire, Pip, combien de temps a duré votre maladie, mon cher camarade ?

— Oui, Joe.

— Nous sommes à la fin de mai, demain c’est le 1er juin.

— Êtes-vous resté ici tout le temps, cher Joe ?

— À peu près, mon vieux camarade.

— Car comme je le dis à Biddy quand la nouvelle de votre maladie nous fut apportée par une lettre venue par la poste ; il a été longtemps seul ; il est maintenant probablement marié, quoique mal récompensé des pas et des démarches qu’il a faites. Mais la richesse n’a jamais été un but pour lui, et le mariage fut toujours le plus grand désir de son cœur…

— Il est bien doux de vous entendre, Joe ! mais je vous interromps dans ce que vous disiez à Biddy…

— C’est que, voyez-vous, vous pouviez être au milieu d’étrangers, et comme vous et moi avons toujours été amis, une visite dans un pareil moment pouvait ne pas vous être désagréable, et voici les paroles de Biddy :

« Allez le trouver sans perdre de temps. » Voilà, dit