Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vins d’aller le prendre à Walworth le lundi à huit heures et demie du matin, et nous nous séparâmes.

Exact au rendez-vous, je sonnai à la porte du château le lundi matin, et je fus reçu par Wemmick lui-même qui me sembla avoir l’air plus pincé que de coutume et avoir sur la tête un chapeau plus luisant. À l’intérieur, on avait préparé deux verres de lait au rhum et deux biscuits. Le père devait être sorti dès le matin, car en jetant un coup d’œil dans sa chambre, je remarquai qu’elle était vide.

Après nous être réconfortés avec le lait au rhum et les biscuits, et quand nous fûmes prêts à sortir pour nous promener, avec cette bienfaisante préparation dans l’estomac, je fus extrêmement surpris de voir Wemmick prendre une ligne à pécher et la mettre sur son épaule.

« Mais nous n’allons pas pécher ? dis-je.

— Non, répondit Wemmick ; mais j’aime à marcher avec une ligne. »

Je trouvai cela singulier ; cependant je ne dis rien et nous partîmes dans la direction de Camberwell Green ; et, quand nous y arrivâmes, Wemmick me dit tout à coup :

« Ah ! voici l’église. »

Il n’y avait rien de très-surprenant à cela ; mais cependant je fus quelque peu étonné quand il me dit, comme animé d’une idée lumineuse :

« Entrons ! »

Nous entrâmes, Wemmick laissa sa ligne sous le porche et regarda autour de lui. En même temps Wemmick plongeait dans les poches de son habit et en tira quelque chose de plié dans du papier.

« Ah ! dit-il, voici une couple de paires de gants, mettons-les ! »