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— Tout le temps que vous voudrez, s’écria Herbert, six mois… un an !

— Pas aussi longtemps que cela, dis-je, deux ou trois mois au plus. »

Herbert fut très-enchanté quand nous échangeâmes une poignée de mains sur cet arrangement ; il dit qu’il avait maintenant le courage de m’apprendre qu’il croyait être obligé de partir à la fin de la semaine.

« Et Clara ? dis-je.

— La chère petite créature, répondit Herbert, restera religieusement près de son père tant qu’il vivra ; mais il ne vivra pas longtemps ; Mrs Wimple m’a confié que certainement il est en train de s’en aller.

— Sans vouloir dire une chose dure, dis-je, il ne peut mieux faire que de s’en aller.

— Je suis obligé d’en convenir, dit Herbert. Alors, je reviendrai chercher la chère petite créature, et, la chère petite créature et moi, nous nous rendrons tranquillement à l’église la plus proche. Rappelez-vous que la chère petite ne vient d’aucune famille, mon cher Haendel ; qu’elle n’a jamais regardé dans le livre rouge, et n’a aucune notion de ce qu’était son grand-père. Quelle chance pour le fils de ma mère ! »

Le samedi de cette même semaine, je dis adieu à Herbert. Il était rempli de brillantes espérances, mais triste et chagrin de me quitter, lorsqu’il prit place dans une des voitures du service des ports. J’entrai dans une taverne pour écrire un petit mot à Clara, lui disant qu’il était parti en lui envoyant son amour et toutes ses tendresses, et je me rendis ensuite à mon logis solitaire, si je puis parler ainsi, car ce n’était pas un chez moi, et je n’avais de chez moi nulle part.

Sur l’escalier, je rencontrai Wemmick, qui redescendait après avoir cogné inutilement avec le dos de