Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cas où la confiscation ne serait pas prononcée, il n’y avait dans celui-ci aucune circonstance qui permît qu’il en fût ainsi. Je compris très-bien cela. Je n’étais pas parent du condamné, ni son allié par des liens reconnus ; il n’avait rien écrit, rien prévu en ma faveur, avant son arrestation, et le faire maintenant serait tout à fait inutile. Je n’avais donc aucun droit, et je résolus d’abord, et je persistai par la suite dans la résolution que mon cœur ne s’abaisserait jamais à la tâche vaine d’essayer d’en établir un.

Il paraît qu’on avait des raisons pour supposer que le dénonciateur noyé avait espéré une récompense prélevée sur cette confiscation, et avait une connaissance approfondie des affaires de Magwitch. Quand on retrouva son corps, bien loin de l’endroit où il était tombé, il était si horriblement défiguré qu’on ne put le reconnaître qu’au contenu de ses poches, dans lesquelles il y avait des notes encore lisibles, pliées dans un portefeuille qu’il portait. Parmi ces notes se trouvaient les noms d’une certaine maison de banque de la Nouvelle Galles du Sud, où une grosse somme était placée, et la désignation de certaines terres d’une valeur considérable. Ces deux chefs d’information se trouvaient sur une liste des biens dont il supposait que j’hériterais, et que Magwitch avait donnée à M. Jaggers depuis qu’il était en prison. Son ignorance, le pauvre homme, le servait enfin : il ne douta jamais que mon héritage ne fût parfaitement en sûreté avec l’assistance de M. Jaggers.

Après un délai de trois jours, pendant lequel la poursuite avait attendu qu’on produisît le témoin du ponton, ce témoin arriva et compléta l’instruction. Magwitch fut renvoyé pour être jugé à la prochaine session des assises, qui devait commencer dans un mois.