Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III.


Un des jours suivants, tandis que j’étais occupé avec mes livres et M. Pocket, je reçus par la poste une lettre, dont la seule enveloppe me jeta dans un grand émoi, car bien que je n’eusse jamais vu l’écriture de l’adresse, je devinai sur-le-champ de qui elle venait. Elle ne commençait pas par « Cher monsieur Pip, » ni par « Cher Pip, » ni par « Cher monsieur, » ni par Cher n’importe qui, mais ainsi :

« Je dois venir à Londres après-demain, par la voiture de midi ; je crois qu’il a été convenu que vous deviez venir à ma rencontre. C’est dans tous les cas le désir de miss Havisham, et je vous écris pour m’y conformer. Elle vous envoie ses souvenirs.

« Toute à vous,

« Estelle. »

Si j’en avais eu le temps, j’aurais probablement commandé plusieurs habillements complets pour cette occasion ; mais comme je ne l’avais pas, je dus me contenter de ceux que j’avais. Mon appétit me quitta instantanément, et je ne goûtai ni paix ni repos que le jour indiqué ne fût arrivé ; non cependant que sa venue