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bois de lit à roulettes. Comme il y avait un grenier au-dessus, j’appelai et je criai :

« Y a-t-il quelqu’un ici ? »

N’obtenant pas encore de réponse, je revins à la porte ne sachant que faire.

Il commençait à pleuvoir très-fort. Ne voyant rien, que ce que j’avais déjà vu, je rentrai dans la maison, et me tins à l’abri sous la porte, regardant au dehors, dans l’obscurité. Tandis que je me disais que quelqu’un avait dû venir ici récemment, et devait bientôt y revenir, sans quoi la chandelle ne brûlerait pas, il me vint à l’idée de regarder si la mèche était longue ; je me tournai pour m’en assurer, et j’avais pris la chandelle dans ma main, quand elle fut éteinte par une violente secousse ; et la première chose que je compris, c’est que j’avais été pris dans un fort nœud coulant, jeté de derrière par-dessus ma tête.

« Maintenant, dit en jurant une voix comprimée, je le tiens !

— Qu’est-ce ! m’écriai-je, en me débattant. Qui est-ce ! Au secours !… au secours !… au secours !… »

Non seulement j’avais les bras serrés contre mon corps, mais la pression sur mon bras malade me causait une douleur infinie. Parfois une forte main d’homme, d’autre fois une forte poitrine d’homme était posée contre ma bouche pour étouffer mes cris, et toujours une haleine chaude était près de moi. Je luttai sans succès dans l’obscurité pendant qu’on m’attachait au mur.

« Et maintenant, dit la voix comprimée, avec un autre juron, appelle au secours, et je ne serai pas long à en finir avec toi ! »

Faible et souffrant de mon bras malade, bouleversé par la surprise, et voyant cependant avec quelle facilité