Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Satis House, et m’informai de miss Havisham. Elle était encore très-malade, quoique regardée comme un peu mieux.

Mon auberge avait autrefois fait partie d’un ancien couvent, et je dînai dans une petite salle commune octogone, comme celle des fonts baptismaux. Comme il m’était impossible de couper mes aliments, le vieil aubergiste le fit pour moi. Cela engagea la conversation entre nous. Il fut assez bon pour m’entretenir de ma propre histoire, en y ajoutant, bien entendu, le fait, devenu populaire, que Pumblechook avait été mon premier bienfaiteur et le fondateur de ma fortune.

« Connaissez-vous ce jeune homme ? dis-je.

— Si je le connais ! répéta l’aubergiste, depuis le temps où il était tout petit.

— Revient-il quelquefois dans le pays ?

— Oui, il revient, dit l’hôtelier, chez ses grands amis, de temps en temps, et il est froid pour l’homme qu’il l’a fait ce qu’il est.

— Pour quel homme ?

— Celui dont je veux parler, dit l’hôtelier, M. Pumblechook.

— Est-il ingrat pour d’autres ?

— Sans doute ! il le serait s’il le pouvait, répondit l’hôtelier. Mais il ne le peut pas… Et pourquoi ? Parce que Pumblechook a tout fait pour lui.

— Est-ce que Pumblechook dit cela ?

— S’il dit cela ! répéta l’hôtelier, il n’a pas besoin de le dire.

— Mais le dit-il ?

— C’est à faire devenir le sang d’un homme blanc comme du vinaigre, de l’entendre le raconter, monsieur ! » dit l’aubergiste.

Et pourtant, pensais-je en moi-même, « Joe, cher