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— Quelques pas, s’il vous plaît. »

Quand nous fûmes dans un couloir retiré, il se retourna pour me demander :

« Quel air lui avez-vous trouvé ? c’est moi qui l’ai habillé. »

Je ne savais pas de quoi il avait l’air, si ce n’est d’un conducteur d’enterrement avec l’addition d’un grand soleil ou d’une étoile danoise pendue à son cou, par un ruban bleu — ce qui lui avait donné l’air d’être assuré par quelque compagnie extraordinaire d’assurance contre l’incendie. Mais je répondis qu’il m’avait paru très-convenable.

« Quand il arrive à la tombe, il fait admirablement valoir son manteau ; mais, de la coulisse, il m’a semblé que quand il voit le fantôme dans l’appartement de la reine, il aurait pu tirer meilleur parti de ses bas. »

Je fis un signe d’assentiment, et nous tombâmes, en passant par une sale petite porte volante, dans une sorte de caisse d’emballage où il faisait très-chaud et où M. Wopsle se débarrassait de ses vêtements danois. Il y avait juste assez de place pour nous permettre de regarder par-dessus nos épaules, en tenant ouverte la porte ou le couvercle de la caisse.

« Messieurs, dit M. Wopsle, je suis fier de vous voir. J’espère, monsieur Pip, que vous m’excuserez de vous avoir fait prier de venir. J’ai eu le bonheur de vous connaître autrefois, et le drame a toujours eu des droits particuliers à l’estime des nobles et des riches. »

En même temps, M. Waldengarver, dans une effroyable transpiration, cherchait à se débarrasser de son deuil princier.

« Retournez les bas ! monsieur Waldengarver, dit le possesseur de cette partie du costume, ou vous les crèverez, vous les crèverez, et vous crèverez trente-cinq