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duire pour nous sauver. Si vous êtes sauvée, votre enfant est sauvée aussi ; si vous êtes perdue, votre enfant est encore sauvée. » Supposez que tout cela fût fait et que la femme fût acquittée ?

— Mais si je n’admets rien de tout cela ?

— Si vous n’admettez rien de tout cela ? »

Et Wemmick répéta :

« Vous n’admettez rien de tout cela ?

— Supposez, Pip, que la passion et la crainte de la mort aient un peu ébranlé l’intelligence de cette femme, et que lorsqu’elle fut rendue à la liberté elle se soit retirée du monde et soit venue demander un asile à son conseil… Supposez qu’il l’ait prise et qu’il ait su contenir l’ancienne nature sauvage et violente de sa cliente toutes les fois qu’elle faisait mine de reparaître, en conservant sur elle son ancien pouvoir. Comprenez-vous ce cas imaginaire ?

— Parfaitement.

— Supposez que l’enfant grandit et fit un mariage d’argent ; que la mère vécût encore, que le père vécût encore, que le père et la mère, inconnus l’un à l’autre, demeurassent à des milles de stades ou de mètres, comme vous voudrez, l’un de l’autre ; que le secret fût encore un secret, excepté pour vous qui en avez eu vent : gardez-le vous-même en ce dernier cas avec beaucoup de soin.

— Je le ferai.

Et je demande à Wemmick de le garder en lui-même avec beaucoup de soin. »

Et Wemmick dit :

« Je le ferai.

— En faveur de qui voudriez-vous révéler ce secret ?… Pour le père ?… Je pense qu’il ne serait pas beaucoup meilleur pour lui que pour la mère… Pour