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Mon récit terminé et les questions épuisées, je produisis l’autorisation de miss Havisham de recevoir les neuf cents livres pour Herbert. Les yeux de M. Jaggers rentrèrent un peu plus profondément dans sa tête quand je lui tendis les tablettes ; mais bientôt, il les fit passer à Wemmick en lui recommandant de préparer le bon sur le banquier pour qu’il y apposât sa signature. Pendant que cela s’exécutait, je regardais Wemmick qui écrivait, et M. Jaggers qui me regardait, en s’appuyant et en s’inclinant sur ses bottes bien cirées.

« Je suis fâché, Pip, dit-il en mettant le bon dans ma poche quand il l’eut signé, que nous n’ayons rien à faire pour vous.

— Miss Havisham a eu la bonté de me demander, répondis-je, si elle pouvait faire quelque chose pour moi, et je lui ai dit que non.

— Chacun doit connaître ses affaires, » dit M. Jaggers.

Et je vis les lèvres de Wemmick former les mots : « Valeurs portatives. »

« Je ne lui aurais pas dit non, si j’avais été à votre place, dit M. Jaggers ; mais chacun doit connaître ses affaires.

— Les affaires de chacun, dit Wemmick en me lançant un regard de reproche, ce sont les valeurs portatives. »

Croyant le moment venu de continuer le thème que j’avais à cœur, je dis, en me tournant vers M. Jaggers :

« J’ai cependant demandé quelque chose à miss Havisham, monsieur. Je l’ai priée de me donner quelques renseignements sur sa fille adoptive, et elle m’a dit tout ce qu’elle savait.

— Vraiment, fit M. Jaggers en se penchant pour regarder ses bottes.