Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeune femme et une femme jalouse, et une femme vindicative… vindicative, Herbert, au dernier degré.

— Quel dernier degré ?

— Jusqu’au meurtre ! — Est-ce que c’est trop froid sur la partie sensible ?

— Je ne le sens pas. Comment a-t-elle tué ?… Qui a-t-elle tué ?…

— Son action ne mérite peut-être pas un nom aussi terrible, dit Herbert ; mais elle a été jugée pour cela, et c’est M. Jaggers qui l’a défendue, et le bruit de cette défense fit connaître son nom à Provis. La victime était une autre femme, plus forte, et il y avait eu lutte dans une grange. Qui avait commencé ? Qui avait tort ou raison ? Il y avait doute. Mais comment cela avait fini, ce n’était pas douteux ; car on trouva la victime étranglée.

— La femme fut-elle déclarée coupable ?

— Non ; elle fut acquittée. — Mon pauvre Haendel, je vous fais mal ?

— Il est impossible d’être plus doux, Herbert ; oui. — Et ensuite…

— Cette jeune femme acquittée et Provis, dit Herbert, avaient un petit enfant, un petit enfant que Provis aimait excessivement. Le soir de la même nuit où l’objet de sa jalousie fut étranglée, comme je vous l’ai dit, la jeune femme se présenta devant Provis un seul moment, et jura qu’elle ferait mourir l’enfant (lequel était en sa possession), et qu’il ne le reverrait jamais, puis elle disparut… Là, voici votre plus mauvais bras confortablement arrangé dans son écharpe encore une fois ; et, maintenant, il ne reste plus que la main droite, ce qui est chose bien plus facile. Je puis mieux faire par cette lumière que par une plus forte, car ma main est plus sûre quand je ne vois pas trop distinctement ces