Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je pensais à la première nuit de son retour, où nos positions étaient renversées, et où je supposais peu que j’aurais jamais le cœur gros et inquiet en me séparant de lui, comme je l’avais en ce moment.

Le vieux Barley grognait et jurait quand nous repassâmes devant sa porte ; il paraissait n’avoir pas cessé, et n’avoir pas l’intention de cesser. Quand nous arrivâmes au pied de l’escalier, je demandai à Herbert si Provis avait conservé son nom. Il répondit que bien certainement non, et que le locataire était M. Campbell. Il m’expliqua aussi que tout ce qu’on savait en ce lieu de ce M. Campbell, c’était qu’on le lui avait recommandé, à lui Herbert, et qu’il avait un grand intérêt personnel à ce qu’on eût bien soin de lui, et qu’il vécut d’une vie retirée. Ainsi quand nous entrâmes dans le salon où Mrs Whimple et Clara travaillaient, je ne dis rien de l’intérêt que je portais à M. Campbell, mais je le gardai pour moi.

Quand j’eus pris congé de la jolie et charmante fille aux yeux noirs, et de la bonne femme qui avait voué une honnête sympathie à une petite affaire d’amour véritable, je fus impressionné en remarquant combien la Vieille Corderie de Cuivre Vert était devenue un lieu tout à fait différent. Le vieux Barley pouvait être vieux comme les montagnes et jurer comme un régiment tout entier. Mais il y avait compensation de jeunesse, de foi et d’espérance dans le Bassin aux Écus, en quantité suffisante pour déborder. Je pensai ensuite à Estelle et à notre séparation, et je rentrai chez moi bien triste.

Tout était aussi tranquille que jamais dans le Temple ; les fenêtres des chambres récemment occupées par Provis, étaient sombres et tranquilles, et il n’y avait personne dans la Cour du Jardin. Je passai deux ou