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dire à Newgate (était-ce des employés ou des prisonniers, je ne pouvais le dire) qu’il était sous le coup de soupçons, et que mon logement avait été surveillé, comment Wemmick avait recommandé qu’il restât caché pendant quelque temps, et que moi je restasse éloigné de lui, et ce que Wemmick avait dit à propos de son éloignement. J’ajoutai que, bien entendu, quand il serait temps, je partirais avec lui, ou que je le suivrais de près, selon ce qui paraîtrait plus prudent au jugement de Wemmick. Je ne touchai pas à ce qui devait suivre ; car, en vérité, je n’étais pas du tout tranquille, et ce n’était pas très-clair dans mon propre esprit, maintenant que je voyais Provis dans cette condition plus douce, et cependant dans un péril imminent, à cause de moi. Quant à changer ma manière de vivre, en augmentant mes dépenses, je lui demandai si dans les circonstances présentes, difficiles et peu viables, cela ne serait pas simplement ridicule, sinon pire.

Il ne put nier ceci et même il se montra très-raisonnable. Son retour était une entreprise très-aventureuse ; il l’avait toujours considérée ainsi, disait-il. Il ne ferait rien pour la rendre désespérée et il avait peu à craindre pour sa sûreté avec de si bons soutiens.

Herbert, qui avait tenu les yeux fixés sur le feu en réfléchissant, dit alors :

« D’après les suggestions de Wemmick, il m’est venu à l’idée une chose qui pourra être de quelque utilité. Nous sommes tous les deux bons canotiers, Haendel, et nous pourrions lui faire descendre nous-mêmes la rivière, quand le moment sera venu. De cette manière, il n’y aurait à louer ni bateau, ni bateliers, et cela nous épargnerait au moins le risque d’être soupçonnés ; et tous risques sont bons à éviter. Sans nous inquiéter de la saison, ne pensez-vous pas que ce serait